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  • Photo du rédacteurLaura Bousquet

Au cœur du séminaire Redemptoris Mater de Beyrouth

Dernière mise à jour : 25 oct. 2020

Reportage photographique réalisé au sein d'un séminaire chrétien en collaboration avec le Père Guillaume et les membres de son séminaire

Le Père Guillaume et ses séminaristes


Durant mon voyage au Liban, j'ai eu l'opportunité de collaborer avec le Père Guillaume, recteur du séminaire Redemptoris Mater à Beyrouth et formateur de prêtres pour le Proche-Orient. Il m'a ouvert avec la plus grande sympathie les portes de son séminaire, institution que vous allez découvrir dans cet article.


Avant d'aller plus loin, il est important de savoir qu'un séminaire est l'institution et le lieu de formation des prêtres. L'une des particularités d'un séminaire Redemptoris Mater est l’internationalité, en d'autres termes les élèves viennent du monde entier.


Mon travail consistait à photographier la vie de ce séminaire mais également d'illustrer l'avancée des travaux de ses nouveaux locaux.

J'ai donc plongé pendant un mois et demi dans un univers qui m'était entièrement étranger, pour tenter de capturer des moments de vie des prêtres, des sœurs et des séminaristes (étudiant suivant une formation pour devenir prêtre) qui font vivre cette institution.


Ce reportage photos s'articulera en trois parties. La première partie découle d'une demande du Père Guillaume, qui souhaitait que je réalise des portraits de ses séminaristes. La deuxième se compose de différents moments de vie du séminaire. Et enfin, la troisième et dernière partie vous emmène sur le chantier du nouveau séminaire.


Partie 1 - Portraits des séminaristes

Originaires d’Égypte, d'Italie, d'Irak, de Colombie, du Liban, de République Dominicaine ou encore des États-Unis, ils sont actuellement dix séminaristes à vivre au sein du séminaire à Beyrouth et dix autres sont en mission à l'étranger.

Leurs semaines sont rythmées par des cours à l'université où ils étudient la philosophie et la théologie, et par une formation pastorale réalisée dans les locaux du séminaire.

Pour la réalisation de ces portraits, il a été demandé à chaque séminariste de choisir un endroit où il se sentait apaisé.


Partie 2 - Moments de vie au séminaire

La vie au séminaire c'est avant tout des sourires, des moments de rire, beaucoup de complicité et surtout une majorité de garçons. Les séminaristes ont choisi de quitter leur pays natal pour leur vocation sacerdotale. En arrivant au séminaire, ce n'est pas seulement un lieu de formation qu'ils ont trouvé mais une seconde famille, qui est une des clefs de voûte de leur apprentissage car tous arrivent ici avec des parcours de vie très différents et souvent, beaucoup de questions. 


- Les repas -

Il est 19H30. Un, puis deux coups de sonnette annonçant le début du repas retentissent. Tous les membres du séminaire cessent leurs activités pour se retrouver autour de la table. Ce moment de la journée est un véritable moment de partage entre les prêtres et les séminaristes, qui échangent notamment sur des sujets d'actualité.


Avant chaque début de repas, deux séminaristes sont nommés pour faire le service.

Pour leur préparation, le séminaire a employé une cuisinière qui vient tous les matins du lundi au vendredi. Le week-end, ce sont les sœurs qui s'en occupent, comme vous pouvez le voir sur les photos ci-dessous. Ce jour-là, Nadia avait cuisiné un carrot cake géant pour le dessert.


- L'eucharistie -

Cette fois-ci ce sont trois sons brefs qui s'échappent de la sonnette. Tout le monde s'avance vers la porte d'entrée pour descendre au troisième étage de l'immeuble, où se situe la chapelle.

Arrivés au troisième, c'est un véritable ballet qui se met en place, chacun se dirige derrière son pupitre, le séminariste qui assiste le prêtre revêt son habit de cérémonie et ceux qui jouent d'un instrument se préparent. Soudain, après un court moment de silence, les musiciens se mettent à jouer... Ça commence, le Père Guillaume peut alors faire son entrée.



- Le Père Guillaume avec Nemer Saade, créateur de mode, pour la réalisation de son nouveau costume -


- A la rencontre de Madeleine, professeure d'arabe du Père Guillaume à son arrivée au Liban -

Cela fait maintenant plus de 20 ans que le Père Guillaume, originaire de France a posé ses valises dans la capitale libanaise. A son arrivée, il ne parlait pas l'arabe, langue officielle du pays. Madeleine, de son surnom Mado, a été sa première professeure.

Pendant la guerre du Liban, elle était un membre actif du "Kataëb", parti politique des phalanges (auparavant fortement nationaliste et militarisé). Elle fut également proche des deux anciens présidents de la République libanaise, les frères Bachir et Amine Gemayel.

Elle se replonge pour nous dans ses souvenirs et nous laisse immortaliser ce moment riche en émotions, entre deux anecdotes.

Pour la réalisation de son portrait, elle a choisi de poser au dessous du portrait de Bachir Gemayel, qui trône au milieu de son salon. Au dessous de ce portrait encadré, on peut lire sur une feuille blanche "A Madelaine, avec toutes mes amitiés et mon estime et pour la contribution à l'effort de guerre. Bachir Gemayel - 1er juin 1981".


Partie 3 - Construction du nouveau séminaire

Le Père Guillaume s'est lancé dans la construction d'un nouveau séminaire. Le bâtiment choisit se situe à la frontière du quartier chrétien et du quartier musulman. Cette frontière, matérialisée par des blocs de béton (que vous pouvez visualiser sur la première photo), est gardée par des hommes appartenant à un parti politique musulman. Le passage d'un quartier à l'autre y est donc surveillé.

Il m'a été interdit de photographier le "responsable" de cet endroit ainsi que le drapeau du parti. J'ai cependant pu prendre les personnes chargées de la surveillance (photos ci-dessous). C'est assis sur des chaises en plastique installées à côté de leur scooter qui leur permet de se déplacer rapidement, et armés de grands sourires qu'ils ont souhaité être photographiés.


Pour son nouveau séminaire, le Père Guillaume a choisi de racheter un bâtiment qui a été fortement touché par la guerre civile, entre 1975 et 1990. Il sera haut de quatre étages et devrait dans les années futures s'insérer dans un projet immobilier plus important qui aurait pour but d'être un lieu de dialogue entre personnes de confessions différentes. Le Père Guillaume ne se projette pas seulement à travers la construction d'un séminaire chrétien mais bel et bien à travers un véritable projet d'union dans un pays encore divisé par les religions.


Concernant les travailleurs qui s'occupent de la construction du séminaire, ils sont d'origine syrienne. Après une journée de travail sous la chaleur de Beyrouth, ils ont choisi de s'installer sur le chantier pour des raisons économiques. L'argent qu'ils ne dépensent pas dans un loyer sera envoyer à leur famille, souvent restée en Syrie.

Au troisième étage du bâtiment au milieu des gravats et de la poussière, on peut ainsi découvrir un campement sommaire composé de lits de camps, de quelques ustensiles de cuisine et de ventilateurs pour les nuits chaudes.


Plonger au cœur de la religion chrétienne, à l'endroit où naissent et sont formés les prêtres, découvrir leurs activités quotidiennes ont contribué à rendre ce voyage enrichissant, en plus d'être bouleversant au niveau culturel.

J'espère que cet article vous aura fait découvrir, comme moi, cet univers, que je connaissais pas, et pour ceux qui en avaient, qu'il vous aura permis de vous débarrasser de certaines idées préconçues.

Un grand merci au Père Guillaume d'avoir partagé ses connaissances et d'avoir su répondre, toujours avec une grande ouverture d'esprit et beaucoup de bienveillance, à toutes les questions que j'ai pu me poser. Et enfin, je le remercie de m'avoir accompagnée tout au long de ce beau voyage, qui aurait été bien différent sans lui.


Soir d'orage sur Beyrouth - Photo réalisée sur le chantier du nouveau séminaire

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